mercredi 18 juillet 2007

La vengeance est un plat qui ne se mange pas,part III

Ceux qui ont un passé chargé savent que ce dernier revient toujours pour leur demander des comptes.C'est comme ça que par un après midi d'été il y a un an,je reçu un coup de fil assez inattendu.J'étais tellement surpris que ça me coupa la respiration quelques secondes.

-Allo!
-Allo,RR ?
-Oui,qui c'est ?
-Sylvie
-Sylvie qui ?
-Sylvie la cousine de Paul...

Mon numéro de téléphone n'est connu en général que de très peu de personnes et le nombre va décroissant à mesure qu'on remonte le temps vers le passé.Elle m'apprit comme je m'y attendait qu'elle avait demandé mon numéro de téléphone à Paul qui après bien des hésitations le lui avait donné.Elle essaya d'avoir de mes nouvelles,mais la petite blonde en face de moi m'interessait plus qu'un papotage dont je ne savais quoi penser dans l'instant.

-Sylvie,c'est pas que je te déteste,mais je suis occupé.
-Tu es avec une femme n'est ce pas ?
-Oui,plutôt mignone dailleurs.Elle a les yeux d'un vert ...(sourire de Marion la blonde)Ah,elle vient de sourire,tiens dit bonjour à Marion (je passai le téléphone à Marion)

Sylvie ne s'attarda pas à lui parler,elle raccrocha.Moi je finissais mon rendez-vous.Le soir,mille et une questions m'envahirent l'esprit.Je crois que cette nuit la j'ai fait un cauchemard.Car le plus dur quand on a été dupé par quelqu'un,c'est pas de pardonner à cette personne,c'est de se pardonner à soi même.Et visiblement ,je ne m'étais jamais pardonné ce hors piste sur l'autoroute des relations humaines.

La fois d'après quand elle m'appela (j'avais enregistré son numéro),je passai le téléphone à ma petite soeur.Elle crut qu'elle était tombé sur ma copine,et essaya de lui expliquer qu'elle était une de mes cousines.Ma soeur rit tellement fort qu'elle lui raccrocha au nez.Elle m'expliqua ce qui venait de se passer,j'étais mort de rire moi aussi.Je décidai de cesser ces gamineries du niveau du collège,et je l'appelai moi même.
Je lui rappelai qu'entre cousins le sexe c'était mal,et qu'elle devait avoir honte d'avoir couché avec son cousin (vu qu'elle voulait se faire passer pour ma cousine) surtout après tant d'années dans l'enseignement catholique.Elle était crispée au téléphone,je lui demandai des nouvelles de Benoit.Elle m'apprit qu'il l'avait plaquée quelques mois après mon départ,pour une autre fille.Je me mis à la plaindre d'une manière ironique.

-Tu sais,les hommes une fois qu'ils ont mangé un plat,dès l'instant où il y a de la nouveauté et de la fraicheur ailleurs,ils iront goûter pour comparer.
-Tu as beaucoup changé
-Tu n'as pas idée à quel point.

Elle me posa des questions sur ma vie,je ne lui répondit pas.Voulu savoir si j'avais aimé d'autres femmes aussi fort que je l'avais aimée elle,je lui répondit :Oui,et même plus.Cette réponse jetta un blanc dans la conversation,et je ne fis aucun effort pour le combler.L'avantage du blanc c'est qu'il intensifie la tension et joue en faveur de celui qui a le niveau d'énergie le plus élevé.Elle ne savait quoi dire,pensant sans doute que quatre ans après elle aurait encore la primauté dans mon coeur:Belle niaiserie féminine.

Je raccrochai,et elle me rappelai de temps en temps pour avoir de mes nouvelles.Elle évitait soigneusement de me parler de la soirée cinématographique.Mais moi je savais que ce sujet reviendrait inévitablement un jour sur la table.J'étais distant et très froid.Mes réponses fusaient comme des missiles et qui atteignaient toujours leur cible.J'alternais le chaud et le froid sybérien.Je passais d'une inflection positive et entraînante à une inflection comateuse léthargique.Elle me demandait chaque fois qu'elle m'appelait quand est ce qu'elle pourrait me revoir en vrai.

Les raisons de sa démarche m'étaient inconnues,et pour être franc je n'avais aucune confiance en sa profession de foi.


Une fois rendu à Bruxelles pour prendre l'avion qui me mènerait à destination,j'en profitais pour appeler Sylvie et lui dire que je serai là le lendemain,sans lui préciser quand.C'est un de mes caprices,ne jamais dire les choses avec précision pour obliger les femmes à penser à moi en se faisant un tas de films.D'autant plus que j'avais été très doux au téléphone,comme je le serai si je parlais à un ami d'enfance.

Deux jours après mon arrivée,avec Paul elle arrive dans la maison qui m'a vu grandir.Je les reçois dans ma chambre de petit garçon.Rien n'a changé:Sur les murs des posters de Sangoku,des bandes dessinées sur les étagères,une housse de couette d'un célèbre dessin animé que par pudeur je ne nomerai pas.Nous voici tous les trois assis,sur ce lit qui il y a quatre ans de ça avait receuilli mes larmes,causées par la femme qui est juste assise à l'autre extrêmité.

Je l'ignore royalement,je discute avec Paul.Et rien que pour accentuer son malaise,j'oriente la discussion vers le foot.Elle ne craque pas,mais ne dit mot.Puis Paul oriente la discussion sur ce que je fais depuis.On discute de nos fortunes diverses.

-Et en ce moment t'es avec quelqu'un ? Me lance Sylvie,il n'y aura pas de round d'observation
-Officielement ou officieusement ? lui répondis-je avec un sourire malicieux
-Les deux.
-Officielement je n'ai personne,mais officieusement c'est pas les aventures qui manquent.Si tu es interessée va falloir réserver à l'avance,et puis laisse tomber,il n'y a rien de libre avant l'année prochaine.
-Tu ne présumes pas un peu trop de ton pouvoir d'attraction ?
-Si,je t'avouerai que j'ai attrapé la grosse tête.Dit moi t'embrasse mieux qu'à l'époque ?

Elle rougit,Paul pensant sans doute que sa cousine et moi nous réconcilirions sur l'oreiller prétexta un coup de fil à passer.Je me retrouvai pour la première fois seul avec en face de moi Sylvie.C'était la première fois qu'elle entrait dans ma chambre de petit garçon,la deuxième femme exterieure à ma famille à y avoir été reçue.Elle se rapprocha,et prit un air abattu en baissant les yeux.

Je connais trop les femmes maintenant pour ne pas savoir ce qui m'attend.Je dégluti un bon coup,et me prépare à encaisser quelque chose que je vois arriver gros comme une maison.

-Tu vois RR,je sais qu'on ne s'est pas séparés en très bon termes tous les deux...
-De quoi tu parles ?dis-je l'air surpris,alors que je savais pertinament ce à quoi elle faisait allusion.
-Je parle de ce que je t'ai fait.Je m'en suis beaucoup voulue par la suite,tu es un garçon si adorable,si gentil et moi je t'ai fait du mal.

Je fus pris d'un fou rire,qui la crispa encore davantage.Parce que connaissant celui que j'étais avant,ce fou rire précédait une colère noire.Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui,mais elle ne le sait pas,j'en profite.J'en jouis,j'ancre chaque seconde en moi et je savoure le moment comme si c'était l'élixir de la vie éternelle.

-Allons,beaucoup d'eau a coulé sous les ponts.Ais-je l'air d'un type désespéré et complètement égaré ?Luis dis-je avec un calme que je n'aurai pas soupsonné moi même,sachant qu'il y a encore quelques mois cette histoire avec elle me donnait encore des boutons.
-Je sais que j'ai été mauvaise envers toi.
-Ce qui m'échappe c'est ta démarche.Pourquoi m'avoir contacté après tout ce temps ?Pourquoi reviens-tu ?
-Je ne sais pas.
-Moi je sais.Tu en as marre des connards et tu repense au seul type qui a vu en toi plus que ton corps c'est ça ?
-Ouiiii,dit elle pensant sans doute que je m'étais les pieds dans ses filets.
-Ce type la est mort et enterré.

Elle est choquée par mon cynisme,je surjoue beaucoup à cet instant précis.Pour m'amuser,je décide de la séduire comme je le fais depuis des années maintenant.Je fais mine de l'embrasser,elle ferme les yeux,je m'arrête devant ses lèvres et je savoure.Je ne peux m'empêcher de lui balancer ce que j'ai sur le coeur à cet instant précis :Je te trouve moins jolie qu'à l'époque.Tu t'es laissée aller.

Puis je l'entraine sur la terasse rejoindre Paul qui est au téléphone avec je ne sais qui.En fouillant dans mon téléphone,elle tombe sur une photo de fille qui l'intrigue.

-Elle est jolie qui c'est ,ta copine ?
-Oh,la future officielle.Qui contrairement à beaucoup n'a pas que son physique.

C'est sur ces joyeusetés qu'ils prirent congés quelques temps plus tard.Je devais revoir Sylvie plus tard en semaine.Mais une heure avant j'annulai le rendez-vous par texto,en mettant un truc si gros qu'elle comprendra que je me foue de sa gueule.

Salut Sylvie,le ciel est trop couvert,je ne sortirai pas cet après midi.

Elle me rappela pour me faire changer d'avis,car effectivement le soleil brillait fort dans le ciel.Je ne cèdait pas,sachant pertinament que j'aurai envie de vomir après l'avoir embrassée.Au moment de dire aurevoir à Paul deux jours plus tard,je lui ai remis un petit mot manuscrit de ma main.
"La jeunesse se passe à aimer des êtres qu'on ne peut possèder que mal (par timidité) et l'âge mûr à possèder des êtres qu'on ne peut aimer que mal par satiété."

Le dossier Sylvie est définitivement clos,je pourrai désormais regarder en arrière sans être pris d'un accès de rage.Je lui ais épargné les tourments de la duperie non pas par grandeur d'âme,mais pour deux raisons :C'est la cousine de Paul un ami très cher,et grâce à elle j'ai appris énormément de choses sur les femmes.

Une question demeure quand même:Pourquoi est elle revenue après tout ce temps ?
Mais quelque chose en moi me dit que je ferai mieux de ne pas trop creuser.

RR

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un des plus beau post que j'ai pu lire, une histoire personnelle très touchante, et un changement qui me donne grand espoir pour moi même :)

Merci pour ces écrits :)