mercredi 18 juillet 2007

La vengeance est un plat qui ne se mange pas,part II

Il m'aura fallu quelques temps pour la revoir dû justement à un emploi du temps de ministre (devant mener de front cours et sport).Elle vint me voir à la fin d'un entraînement,et c'est comme ça que sans me dire oui,nous sortimes ensembles.Un film américain aurait mis le générique après cette scène,mais la vie est tout sauf un conte,et les fins heureuses non méritées n'existent pas.

Je devins moins assidu aux entraînements,ce qui me coûta ma place dans le onze de départ.Je profitais de mes moindres instants de libre pour aller la voir.C'était une femme pour être vu que j'avais,je jouissais littéralement quand je voyais le regard que les autres mecs lui jettaient.C'était le moment des déclarations et des grands engagements.C'est sûr,je finirai mes jours avec elle.

Si la douleur n'éffraie pas l'homme jeune,la bêtise elle l'habite.C'est la période des regards où il n'y a plus que le vide.Mais bizarrement,c'est celle où on se sent le plus concerné par son couple.Mais après tout,ne dit on pas que dans un couple il y en a un qui aime et l'autre qui s'enmerde ?Elle commença par cumuler les retards à nos rendez vous,et y venait de moins en moins seule.J'avais toujours droit à une cousine,une soeur,une amie,quand ce n'était pas toute sa bande de copains.Et moi de mon coté,je ne lui imposait aucun ami.Ah oui,j'oubliais,des amis j'en avais plus ou peu.Elle m'avait isolé du reste du monde.Mais qu'importe,c'était ma déesse.

La vie est cynique,car elle seule fait rêver les gens avant de les frapper sous la ceinture.Elle m'avait proposé un cinéma,elle qui ne proposait jamais rien.j'avais dit oui sans hésitation trop content à l'idée qu'elle s'investisse enfin dans la relation.J'avais annulé tout ce que j'avais de prévu ce samedi la.Je m'étais fait porté malade par l'infirmier de l'école qui me connaissait,du coup pas de match de foot dans l'après midi histoire d'être en forme pour notre rendez-vous.

Deux heures avant,j'étais exité comme une puce.Je n'y tenais plus,il fallait que je bouge ce que je fis.Je me préparais impeccablement,enfin je m'habillai relativement mieux que d'habitude.Une demie heure avant ,j'étais devant le cinéma.Elle arriva trois quart d'heures après moi.Elle ne s'escusa pas de son retard,et m'annonça qu'une cousine et un pote à elle se joignaient à nous,mais ils n'avaient pas de quoi se payer la place de cinéma.Elle me demanda de payer leurs entrées (la sienne comprise),ce que je fis.

Dans le cinéma,on se scinda en deux petits groupes.Sa cousine et le pote en question eurent la bonne idée d'aller s'installer ailleurs.Dans la pénombre,ses baisers se faisaient plus fougueux que d'habitude.Mais j'étais loin de me douter que c'était l'histoire du canard qu'on engraisse avant de le tuer.La salle était survoltée par les pouesses de Neo dans le deuxième volet de la saga Matrix,et moi j'étais obnubilé par son odeur que je goûtais comme aux premières heures.Dévorant littéralement ses seins fermes,ses lèvres et son cou comme si c'était la dernière fois.

L'éclairage me ramena dans le monde des vivants.Dehors il faisait nuit,les gens se dispersaient,elle essayait de joindre sa cousine au téléphone en vain.La dite cousine fît son apparition en compagnie de deux autres mecs dont un que je connaissais de vue au lycée et de mon équipe de foot.Le genre de type pas bavard du tout,dur sur l'homme,toujours dans son coin.La voiture était garée,et le contact avait été mis par le chauffeur qui s'était signalé à moi par un appel de phares.

-Sylvie,vient on va te déposer.
-Non,c'est bon ça ira.
-Mais tes amis aussi peuvent venir,dis-je avec innocence
-Non,quelqu'un d'autre me raccompagnera je t'assure...répondit-elle en soupirant,comme pour rassembler ses forces.
-Et qui va donc te raccompagner ?
-Mon nouveau mec ! son regard s'était durci

Le petit nouveau dans la troupe vint la prendre sous mes yeux par une invitation de son bras.Et moi j'étais là,au milieu de tout ce monde,perdu,en essayant de savoir ce que j'ai fait pour mériter ça.J'avais deux options:Soit me battre contre le type et accentuer mon ridicule,soit faire amende honorable et rentrer me terrer chez moi.J'ai choisi la deuxième option,non pas par conviction,mais parce que je n'aurai rien pu faire face à un type qui faisait deux fois mon poids.

Une seule scène dans la littérature qui m'est connue rend dans sa forme brute ce que j'ai pû ressentir.La scène où Conchita Perez (l'héroine de la femme et le pantin,dans le livre de Pierre Louys)répudie son mari devant la grille de la maison qu'il lui a acheté quelques jours plus tôt,et se fait prendre par un autre homme sous les yeux de son mari impuissant devant la grille.

Dans la voiture sur le trajet défilent devant moi des images,des odeurs,des sons.Mon sang est un magma en fusion.Le ressentiment gronde,la colère,la haine,la vengeance.J'ai envie de tous les tuer.Mon dieu,lundi au Lycée mon nom sera dans toutes les bouches.Au sein de l'équipe de foot ça va être un vrai enfer.

Cela arriva comme dans mes prédictions.De "star" adulée par la foule,je passais au rang de paria.Dans le vestiaire,les moqueries fusaient,et l'entraîneur supportait de moins en moins mes sautes d'humeur tellement j'étais devenu succeptible.Je finis par claquer la porte de l'équipe de foot.Du balcon du batiment de ma classe,je pouvais les voir heureux aller et venir ensembles dans la cour.Je tentai désespérément de renouer avec mes amis de l'époque,mais leur froideur glaça mes ardeurs.J'étais désormais seul.

Puis vint le tournoi inter classes.Un tournoi organisé par le lycée qui oppose dans chaque disciplines sportives des classes réparties par poules.Pour ma part en quart de finales je retrouvais Benoit et sa classe en foot.Benoit jouant arrière gauche,j'avais demandé au capitaine de l'équipe (on n'avait pas d'entraîneur) le droit de jouer à droite,ce qu'il m'accorda.Les duels étaient intenses,je négligeais le jeu en équipe et chaque balle qui m'était donnée me voyait aller provoquer en Benoit en duel.Bilan,je marquai deux buts qui nous qualifièrent,mais je sorti sur blessure après un tacle assassin de ...Benoit.Je n'ai jamais vraiment récupèré de cette blessure,et après un effort physique,la douleur revient encore,moins intense certes,mais assez présente pour me rappeler qu'il ne sert à rien de se mettre en danger pour une femme,surtout la sienne.

Le break lié à ma blessure me fit prendre du recul.Mes amis des premiers jours revinrent vers moi,je leur demandai pardon,et je ne fis plus jamais la même erreur.Je fis un an sans adresser la parole à Sylvie que je croisais de temps à autre.Le bac,la fête de fin d'année entre nouveaux bacheliers,mes premiers verres d'alcool,la débauche en une soirée et sous ses yeux,j'emballais Marie une autre fille mignone du lycée qui avait une particularité que j'appris par la suite:C'était la cousine de Paul un ami et cousin de Sylvie,celui la même qui m'avait présenté Sylvie.

Je sais qu'elle le prit moyen le fait qu'une de ses cousines me cède.Mais pour être franc,mes plaies avaient cicatrisées,il ne me restait plus que leurs traces pour me rappeler combien il est bon d'être libre.

Je partis peu de temps après pour m'installer dans la cité phocéenne.Un nouveau départ loin des démons de mon passé qui continuaient de me hanter.

RR

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